Objectif : Faire comprendre au lecteur la façon dont se forment les lettres pour un enseignement optimum de l’écriture cursive latine.

LEÇON 2

Continuons pas à pas.

1 – En leçon 1 nous avons dit que notre écriture va de la gauche vers la droite en passant “par en bas” ou en passant “par en haut” ce qui détermine deux unités de mouvement qui se concrétisent chacune dans une forme de base et deux dérivées (plus une dérivée secondaire pour la deuxième unité).

Les réactions à la première leçon me conduisent à nous attarder un instant sur cette première phrase.

Les expressions “en passant par en bas” et “en passant par en haut” ont suscité des réactions. Ne serait-il pas plus simple de dire “dans le sens des aiguilles d’une montre” ?

C’est exact et c’est faux. C’est exact, si on veut, sur le plan linguistique. C’est faux sur le plan pédagogique : il n’est pas plus simple pour un jeune enfant de comprendre ce qu’est le sens des aiguilles d’une montre que de comprendre “par en bas” ou “par en haut” et encore moins d’ajouter à cela qu’il lui faut commencer par considérer non pas ce sens-là mais le sens inverse. C’est, au contraire, beaucoup plus compliqué. Ce qui semble évident à l’adulte ne l’est pas forcément pour l’enfant.

On gagne à conserver l’idée d’un tracé qui passe par en haut ou qui passe par en bas pour montrer le tracé aux enfants de CP

.

Pour leur remettre en mémoire ou leur apprendre la boucle qui sert à former la lettre e on peut leur faire repasser la lettre plusieurs fois d’un trait vif. Cf. ci-contre Extrait de Les cahiers d’écriture – 1 – Apprentissage CP Danièle Dumont – Editions Hatier,  2019 (La toute première édition de la collection Les cahiers d’écriture s’est faite dès 2002. Les cahiers de maternelle ont suivi.
Les cahiers d’écriture – 1 – Apprentissage CP
Les cahiers d’écriture – 2 – Perfectionnement CP
Les cahiers d’écriture – 3 – Les majuscules CP/CE1
Les cahiers d’écriture – Perfectionnement – Aide personnalisée.)

 

Pour les enfants de maternelle, cette expression par en bas/ par en haut n’est pas indispensable sauf si on veut montrer en récapitulatif le processus de création des formes et le processus de formation des lettres. L’encodage passera par le jeu.

2 – Enseigner la boucle se fait par un encodage procédural et non par un encodage sémantique. 
La mise en mémoire peut être procédurale : on fait un geste. Exemple on lance un ballon à un camarade en dépliant brusquement les bras pour propulser le ballon dans sa direction. Il s’agit d’un apprentissage implicite : on n’explique pas à l’enfant “tu plies tes bras, tu les détends brusquement etc.” L’enfant apprend à faire et doser son geste par un processus inconscient.  C’est un encodage procédural. Il se met en place inconsciemment.

(Pour d’autre apprentissages, la mise en mémoire peut être sémantique : on explique ce qui doit être fait. Par exemple le jeu de l’oie consiste à avancer du même nombre de cases qu’il y a de points sur le dé.)

Pour enseigner la boucle on n’expliquera pas comment la tracer (pas d’encodage sémantique), on mettra l’enfant en situation de faire le geste nécessaire (encodage kinesthésique, donc procédural).

3 En leçon 1 nous avons appris que la 1ère unité va de la gauche vers la droite “en passant par en bas” et que les formes de base sont attaquées à gauche et arrondies.

C’est donc en faisant faire un geste qui va de la gauche vers la droite en passant par en bas qu’on donnera à l’enfant accès à l’écriture de la boucle sans amener à sa conscience l’idée qu’il est en train d’apprendre à “faire des boucles” et encore moins d’apprendre à écrire. Pour cela nous utiliserons le relais de hockey. Cf. Le geste d’écriture. Édition 2016 Pages 75 et suivantes. 

4 – Munis de deux crosses de hockey et de deux palets par équipe, les enfants jouent. Leur objectif est donc de jouer et, de préférence, de faire gagner leur équipe.

Sans se poser de questions sur la façon de s’y prendre, les enfants poussent le palet par petits coups vifs jusqu’à la fin de la piste. Ensuite ils feront semblant avec des foulards. Plus tard ils feront tourner les foulards. Plus tard encore ils laisseront la trace de ce mouvement sur un plan vertical.

On pourrait trouver bien compliquée toute cette étape de relais de hockey et vouloir commencer directement avec les foulards. Dans cette pseudo simplification la règle du jeu serait remplacée par une injonction bien difficile à satisfaire pour un petit enfant  (“tu dois tourner dans tel sens”) , elle serait donc sans aucun intérêt. Supprimer la 1ère étape de l’encodage procédural relève de l’incompréhension de ce qu’est un mouvement et plus particulièrement celui qui permet d’écrire et de ce qu’est l’acte d’écriture.

5 – Une fois les enfants bien entrainés au relais de hockey, puis au faire semblant, puis à faire tourner les rubans, puis une fois qu’ils ont prouvé que le geste est bien acquis en constatant que la trace du mouvement qu’ils ont laissé sur plan vertical fait des boucles, alors ils sont prêts à écrire.

Ils y sont prêts si tant est que pendant ce temps ils aient appris à tenir et manier le crayon et à gérer l’espace de l’écriture (horizontalité et tenue de la ligne, verticalité des axes, proportion des dimensions et des espaces).

Les enfants sont donc alors en situation de tracer des boucles, ce qui signifie.
– tracer une petite boucle pour écrire la lettre e
– étirer les doigts vers le haut pour tracer une grande boucle pour écrire la lettre l,
– étirer les doigts vers le haut pour tracer une grande boucle et la prolonger vers le bas en repliant les doigts dans la main pour écrire la lettre f ; la terminer par une attaque de grande boucle.

La spontanéité du geste leur permet de penser le nom de la lettre lorsqu’ils l’écrivent puisqu’ils ont l’esprit libéré d’une quelconque description de leur action.

Mieux encore, s’ils utilisent directement la lettre dans un mot ils la recodent instinctivement chaque fois que nécessaire. Deux mots seulement sont possibles en étant utilisés de façon réfléchie “le” et “elle”.
Un troisième mot est possible mais il relèvera plus de la copie que de la réflexion : le mot “fée”.

EH BIEN VOILÀ,  nous en avons terminé avec la leçon 2.

Sources : Thèse de doctorat Université René Descartes Paris 5, Danièle Dumont, 2013                           Le geste d’écriture Danièle Dumont Éditions Hatier  3e édition 2016 pages 75 et suivantes,  (1ère édition 1999 pages 86 et suivantes)

Pour ce qui se passe en maternelle dans tout ce qui fait le geste d’écriture vous pouvez consulter la série Enseigner l’écriture.  Une dizaine d’articles vous y est proposée.

 

VOYONS ENSEMBLE CE QUE VOUS AVEZ RETENU DE CETTE SECONDE LEÇON. 

QUESTION 1 : A quel type de mémoire faut-on appel dans l’apprentissage de la forme de la boucle ? 
QUESTION 2 :
Quelles sont les caractéristiques générales des lettres bien écrites ?
QUESTION 3 : Combien de lettres peuvent être écrites uniquement avec la boucle ?  Lesquelles ?
QUESTION 4 : Pourquoi ne doit-on pas supprimer le relais de hockey ?

VOYONS MAINTENANT CE QUE VOUS AVEZ PU DÉDUIRE DE CE QUI A ÉTÉ DIT .

QUESTION 1 : En quoi le relais de hockey enseigne-t-il la formation de la boucle ?
QUESTION 2 :  Pourquoi avoir signalé qu’un gros e n’est pas l’équivalent d’un l ?

QUESTION 3 : Qu’est-ce que le recodage ? Quel est l’intérêt de recoder les lettres dans un mot ?
QUESTION 4 : Pourquoi ai-je pu écrire Deux mots seulement sont possibles en étant utilisés de façon réfléchie “le” et “elle”. Un troisième mot est possible mais il relèvera plus de la copie que de la réflexion: le mot “fée”.

Comme pour les questions de la leçon 1, vous aurez les réponses avant la leçon suivante.

Pour approfondir et mettre en pratique reportez vous à la dernière édition du livre Le geste d’écriture Editions Hatier, 1999, 2006, 2016 ;  285 pages et aux cahiers d’écriture (voir le carrousel en page d’accueil).
Voir également sur le site les articles de la série Enseigner l’écriture. 

A très vite.