Le lecteur trouvera plusieurs exemples du tableau de double différenciation et transversalité dans Le geste d’écriture (Edition 2016) 
Une petite piqûre de rappel. Cela n’est pas inutile lorsque j’aperçois çà et là sur des blogs ou sur des pages FaceBook quelques informations erronées ou tronquées. Il s’agit de la prise en compte des fondements de ma méthode d’enseignement à savoir la double différenciation et la transversalité. Bien qu’ils soient présents dès la première publication du Geste d’écriture en 1999 et qu’ils soient véritablement fondamentaux pour une entrée dans un écrit techniquement réussi et porteur de sens, il arrive que ces deux piliers de ma méthode d’enseignement soient escamotés.

Avec ses 110 pages de plus que la précédente, la nouvelle édition les explicite très largement et présente des exemples de mise en œuvre sous forme de tableau. Après la présentation des bases de ma méthode, j’ajouterai ici un autre exemple issu de la réflexion menée au cours de l’atelier que j’ai animé ce mercredi 6 juin pour le SNUIPP des Vosges.

Rappel du principe :

I – La double différenciation

1) Différenciation entre l’objectif de l’enfant (objet de la tâche : réussir un beau poster, faire gagner son équipe…) et l’objectif de l’enseignant (objet du savoir)

2) Différenciation entre les enfants en fonction des compétences à leur faire acquérir (donc de leurs acquis, de leurs possibilités – et de leurs attentes)

II – La transversalité

Toutes les activités préparatoires à l’écriture se font dans le cadre de projets définis par l’enseignant seul ou conjointement avec les enfants. Leur relation avec l’écriture n’apparaît à l’enfant que lorsqu’il s’agit pour lui d’écrire effectivement.

Par exemple, pour la confection de l’affiche de la fête de la musique que nous avons traitée au cours de l’atelier du 6 juin, les enfants qui froissent le papier et s’en servent de tampon de peinture fluo pour illuminer les fonds peints par leurs camarades ignorent que cette activité est aussi destinée à leur tonifier la main. Ceux qui ont peint les fonds au rouleau ignorent que cette activité était aussi destinée à leur faire dégager le coude du corps afin d’assouplir leur posture.

En revanche, ceux qui écrivent le titre de l’affiche en collant une à une les lettres qu’eux-mêmes ou d’autres auront découpées savent bien qu’ils “écrivent” et ils savent aussi que le bon alignement des lettres habitue leur œil à la linéarité afin que plus tard, ils écrivent droit.

(cf. https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=Fw4jc19_03Y   ou https://www.youtube.com/watch?v=yLB2jTofuUY

Ces deux piliers de l’enseignement évitent la surcharge cognitive et donnent accès progressivement au savoir au rythme de chaque enfant en préservant son épanouissement vers d’autres savoirs liés directement (fête de la musique, jardinage …) ou indirectement (couleurs, formes, numération…) au thème traité.

Exemple de thème

La présence du jardinage parmi les thèmes exposés dans le livre montre d’elle-même qu’apprendre à écrire n’est pas forcément une affaire de trace écrite.

Ce 6 juin, nous avons choisi la confection d’une affiche pour travailler le thème de la fête de la musique. Nous aurions pu aussi choisir la mise en place d’une formation musicale, comme l’a bien perçu une enseignante qui mimait une batterie. L’un des choix n’exclut pas l’autre, mais le temps est notre maître et le thème de l’affiche l’a comblé.

Nous aurions pu proposer de :

–  mimer le jeu du pianiste, du saxophoniste… pour la souplesse des doigts, du batteur pour la souplesse et la fermeté du poignet etc.

– disposer sur une feuille les touches d’un piano pour la gestion statique de l’espace graphique. Les touches seraient découpées (pour l’agilité des doigts) dans du papier crème et du papier noir – qui auraient pu être peints au rouleau (pour l’assouplissement de la posture).

– de défiler avec des instruments réels ou imaginaires

– de faire disposer des chaises en lignes pour les spectateurs…

– de faire reproduire quelques notes de musiques sur une partition… en les noircissant d’un mouvement des doigts chaque fois que nécessaire (prise de conscience d’un lignage à respecter, en l’occurrence une portée) (motricité fine des doigts)

– etc.

 

Le principe ne doit pas faire oublier le contenu. Il est développé dans la modélisation de l’apprentissage de l’écriture (cf. Le geste d’écriture et https://www.youtube.com/watch?v=DQtjHxbqD7k  ) et dans la présentation du système d’écriture (cf. Le geste d’écriture et https://www.youtube.com/watch?v=Fw4jc19_03Y) qui explicitent l’une et l’autre le concept de geste d’écriture que j’ai créé il y a quelques décennies.

Ce concept  serait privé de son intérêt, donc réduit à un simplisme stérile, si pensant utile de le simplifier, on le privait de ses racines.  https://www.youtube.com/watch?v=yLB2jTofuUY

En effet, en abordant la méthode avec les œillères des certitudes  que peuvent donner des années de pratiques autres, certains changent à la fois le mode opératoire de l’accès aux formes et la terminologie. Ils privent alors les enfants de la découverte magique de la machine à étrécir et de toutes les facilités qu’elle induit, et de bien autre choses…

Si dans leurs discours ils semblent avoir compris que “tout part de la boucle”, ils n’ont saisi ni l’essence ni l’essentiel et confondent la forme et le mouvement en faisant commencer la boucle aux exercices avec les foulards   (ce qui n’induit aucune obligation de tourner “dans le bon sens” et constitue une sorte de tentative de remonter de la forme connue – la boucle – à un hypothétique mouvement qu’elle intégrerait).

Certes, ce n’est pas évident de comprendre dès le départ ce qu’implique l’idée qu’au commencement est le mouvement. Pour certains, le mouvement c’est ce qu’on fait en verbalisant pour reproduire une forme. Cela, ce n’est pas le mouvement, c’est une tentative de  description du mouvement. Procéder ainsi c’est comme vouloir apprendre à marcher à son enfant en lui expliquant comment il doit poser ses pieds et plier ses genoux.

L’encodage du mouvement fait appel à la mémoire procédurale pas à la mémoire sémantique. Si on disait dans le passé (et encore maintenant… 🙁   ) qu’il faut toute l’école élémentaire pour apprendre à bien écrire, c’est bien justement parce que les enfants apprenaient à reproduire la forme des lettres et il fallait du temps pour mettre en place, à rebours, le programme moteur.

Avec la méthode Dumont, les enfants apprennent à écrire c’est-à-dire à produire du sens avec une écriture fluide, claire, lisible et bien ordonnée dès la maternelle. Lorsqu’ils arrivent au CP il leur reste à acquérir les savoirs que fixe pour eux le programme de l’Éducation nationale et ils peuvent ainsi le faire en étant libérés de cette double tâche que constitue l’effort à faire si l’écriture n’est pas acquise. Cela les libère également de l’inquiétude devant la production d’écrit.

Ce que propose ma méthode d’enseignement c’est donc de commencer par la mise en place du programme moteur. Pour une efficacité optimum de l’encodage de ce programme moteur, il m’a fallu définir le système qui préside à la formation des lettres et à leur enchainement. Ma thèse de doctorat (et la recherche poursuivie ensuite) m’ont permis de mettre en évidence le processus de création des formes et le processus de formation des lettres. Je renvoie le lecteur à la dernière édition du Geste d’écriture et aux posters publiés aux éditons Hatier. Je le renvoie aussi à la vidéo en ligne sur le site Eduscol http://legestedecriture.fr/une-video-eduscol-du-processus-de-creation-des-formes-et-du-processus-de-formation-des-lettres/

La base de la création des formes est l’encodage kinesthésique de la première unité de mouvement ; cela ne peut se faire qu’avec des consignes adaptées qui n’ouvrent pas le risque de partir dans le mauvais sens. Le processus de création des formes nous apprend que la forme est la concrétisation du mouvement. C’est donc bien par le mouvement qu’il faut commencer : en l’occurrence par le relais de hockey que j’ai créé à cette intention. (Cf. le geste d’écriture et quelques articles sur ce site).

En conséquence, on ne commencera donc jamais par le jeu des foulards (qui tendrait à vouloir faire remonter de la forme au geste ce qui n’offre aucun intérêt)

En conséquence de tout cela aussi ce serait extrêmement réducteur de réduire ma méthode d’enseignement à un ordre d’enseignement des lettres ou même des formes qui les constituent.

Voici donc l’essentiel de ce qui fait la spécificité de ma méthode d’enseignement et tout particulièrement d’enseignement de l’écriture.  Je vous invite à lire Le geste d’écriture – Méthode d’apprentissage – Cycle 1 – Cycle 2, Différenciation et transversalité (édition 2016) en commençant par le commencement et sans sauter des étapes  😉

Bonne lecture et bonne mise en œuvre.

La présentation des nouveaux article, c’était ici avant la remise en route du site. http://legestedecriture.fr/news-2/
J’ai choisi de laisser la rubrique accessible pendant quelque temps encore, mais elle n’est plus mise à jour.  Les nouveaux article s’affichent automatiquement à droite se l’écran.