Une enseignante me pose la question suivante :

Je suis enseignante en grande section. J’ai acheté il y a quelques années deux de vos ouvrages « le geste d’écriture » et le premier cahier d’écriture (ancienne édition malheureusement). J’ai assisté à votre conférence à Evreux mercredi 30 septembre dernier. Cela m’a beaucoup éclairé et j’ai entrepris de revoir complètement ma façon d’aborder l’apprentissage de l’écriture cursive. Toutefois, je m’interroge : doit-on apprendre aux élèves les termes « étrécie, jambage bouclé… » et les employer pour verbaliser la formation des lettres lorsqu’ils écrivent un mot ? Je sais que l’écriture doit produire du sens et qu’il est de ce fait inutile de leur faire écrire des lignes de lettres ou enchaîner les fiches de graphismes ou même indiquer le sens des tracés. Mais comment alors, prendre appui sur les formes de bases et ses dérivées sans leur expliquer qu’un « a » par exemple est formé d’un rond et d’une étrécie ?

Merci par avance pour vos précisions et également pour tous vos travaux qui constituent de véritables outils pour nous aider à faire progresser nos élèves.

Ma réponse à cette question pédagogiquement fondamentale
Merci pour votre message.
« Doit-on apprendre aux élèves les termes « étrécie, jambage bouclé… » et les employer pour verbaliser la formation des lettres lorsqu’ils écrivent un mot ? » me demandez-vous.
Doit-on apprendre aux élèves les termes « étrécie, jambage bouclé… » ? Oui. c’est le nom des formes qui servent à construire les lettres. Si les enfants connaissent ces formes, ils les verront dans les lettres ; s’ils apprennent comment est constituée chaque lettre ils sauront l’identifier dans les mots.
En revanche les employer pour verbaliser la formation des lettres lorsqu’ils écrivent un mot ? Non. Comme vous l’écrivez ensuite, l’écriture doit produire du sens. Donc si je décris la formation des lettres quand j’écris, c’est à dire si je dis « une grande boucle, une petite boucle, une grande boucle, une petite étrécie, une grande étrécie » lorsque j’écris, je ne peux pas penser en même temps ce que j’écris.
Si je verbalise la formation des lettres, je dis « je pars de…, je monte jusqu’à…, je tourne de tel côté etc. » alors non seulement j’évacue le sens de l’écrit, mais j’évacue aussi la compréhension de la formation des lettres. (cf. Oraliser, verbaliser, nommer )

La question est : « comment alors, prendre appui sur les formes de bases et leurs dérivées sans leur expliquer qu’un « a » par exemple est formé d’un rond et d’une étrécie ? » Lorsqu’on leur apprend la formation de chaque lettre on l’explique aux enfants : ainsi la lettre »a » est effectivement formée d’un rond fermé par une petite étrécie. Il me semble important que l’enfant ne confonde pas la lettre et la ou les formes constitutives de la lettre.
Ensuite, une fois que la lettre est intégrée dans un mot, c’est le mot qui prime, donc le sens qu’il véhicule et que véhicule le discours entier (phrase ou texte)
Le poster du processus de formation des lettres montre comment prendre appui sur les formes de base et leurs dérivées pour construire les lettres. Je vous suggère de l’utiliser en utilisant des caches que vous découvrirez progressivement.