Une idée circule sur la toile : utiliser un porte mine pour éviter que l’enfant appuie fort. Est-ce une bonne idée ? On pourrait être tenté de dire oui puisque l’enfant va se retenir d’appuyer pour éviter que la mine casse. En tout cas c’est l’objectif. Oui, mais…

Si l’usage du porte-mine peut paraître alléchant, avant de l’adopter posons-nous deux questions : 2) Celle de la finalité de son utilisation 3) Celle de la réalité de l’effet produit.
 
La finalité ? Exercer la pression ? Il va sans dire qu’il s’agit bien de la pression de la mine sur le papier, pas de la pression des doigts sur l’outil scripteur.  Il s’agit donc de faire en sorte que l’enfant appuie moins sur le papier.

Pourquoi l’enfant appuie moins avec un porte-mine qu’avec un autre outil ? Tout simplement parce que si l’enfant appuie trop sur le porte-mine, la mine casse. C’est violent, c’est stressant, c’est culpabilisant (si j’avais moins appuyé, la mine n’aurait pas cassé).

Sauf à préférer le dressage à l’apprentissage on peut alors se poser la vraie 1ère question qui n’est pas “comment faire pour que l’enfant n’appuie pas ?” mais “pourquoi l’enfant appuie-t-il si fort ?”
L’observation donne la réponse :
– On écrit confortablement lorsque l’avant-bras et le poignet sont posés sur la table : cela permet à la main et aux doigts de bouger librement, souplement.
– Si, au contraire, il n’y a pas d’appui au niveau du poignet alors, comme il faut bien que l’enfant appuie quelque part et que le soulèvement du poignet fait basculer la main vers l’avant, l’enfant appuie sur le crayon, donc sur la mine. S’il s’agit de la mine fine d’un porte-mine, elle casse.
L’enfant appuie fort quand, au lieu que l’appui se fasse au niveau du poignet, il se fait sur la mine (le poignet étant soulevé en pont ou encore l’avant-bras entier étant soulevé).
 
La 2ème question arrive d’elle-même : Pour que l’enfant n’enfonce pas la mine dans le papier au risque d’en trouver la trace plusieurs pages plus loin ou de casser la mine s’il utilise un porte mine, il lui faut poser le poignet sur la feuille. La question est donc : Comment apprendre à l’enfant à poser son poignet sur la table ?

On habitue l’enfant à garder son poignet en contact avec la table en lui faisant faire tous les exercices qui font placer la main dans l’axe de l’avant-bras avec consigne de garder le poignet en contact avec la table : peinture à doigts, chenilles pressées, ping-pong des bouchons… (voir Le geste d’écriture  Editions Hatier)

Parallèlement tant que la bonne position de la main ne sera pas acquise, on évitera tout ce qui oblige l’enfant à rester le coude soulevé comme, par exemple, le pianotage coude en l’air.

Pour répondre en peu de mots à la question qui m’est souvent posée : est-ce une bonne idée que de donner un porte mine à l’enfant pour éviter qu’il appuie trop fort ? La réponse est clairement : “Non ; c’est une mauvaise idée. Elle est inefficace et génère du stress”.

Voir Le geste d’écriture. Méthode d’apprentissage – Cycle 1 – Cycle 2 – Différenciation et transversalité, page 209.