LE SYSTÈME D’ÉCRITURE MONTRE D’UNE PART QUE LA PRÉPARATION À L’ÉCRITURE EST SANS LIEN AVEC LA LECTURE. IL MONTRE D’AUTRE PART QUE DÈS LE PASSAGE DE LA PRÉPARATION À L’ÉCRITURE ELLE-MÊME LE LIEN S’IMPOSE CAR, PAR VOCATION, L’ÉCRITURE PRODUIT DU SENS. IL N’EN RESTE PAS MOINS QU’À CE STADE-LÀ, IL NE S’AGIT PAS D’APPRENDRE À LIRE AUX ENFANTS ni même de les préparer intentionnellement à la lecture.

Les activités préparatoires ont donné aux enfants les compétences nécessaires pour bien écrire. Il s’agit ensuite d’écrire. Écrire fait sens. C’est donc le sens qui est visé. Ce sens est véhiculé par l’assemblage des lettres qui, par vocation, produit des mots. Ce sont donc ces mots qui seront dits par l’enseignant pour pouvoir être pensés par l’enfant.

En voici le commencement à la charnière entre préparation et écriture. La boucle étant acquise, elle est mise en oeuvre sous forme d’une série de petites boucles puis d’une série de petites et grandes boucles comme montré ci-dessus (plus d’informations dans Le geste d’écriture édition 2016). Une fois acquise l’habileté à tracer ces gammes, l’enseignant montre la possibilité d’en retirer des extraits (voir l’illustration). Arrivé au stade final il explique et indique à l’enfant comment il est passé de la forme au sens.

Je donnerai pour exemple le 1er mot de l’illustration, l’illustration entière étant “elle lit”, phrase que l’enseignant lit aux enfants. Voici donc une trame pour le premier mot : ce mot, c’est le mot “elle”, il se compose d’une petite boucle qui forme une lettre qui s’appelle E, d’une grande boucle qui forme une lettre qui s’appelle L puis d’une autre lettre L  (ou d’une autre grande boucle, selon le choix de l’enseignant et/ou la réaction des enfants), etc. En les plaçant comme ça (elle)  j’ai écrit le mot “elle” . Même démonstration pour “lit”. L’enseignant réécrit la phrase en la disant au fur et à mesure.

Comme expliqué dans Le geste d’écriture et des articles anciens encore en ligne sur le site, il ne sera jamais question de dire ni la forme de la lettre, ni le nom de la lettre, ni le son de la lettre au cours de l’écriture de la phrase.

Cet exercice n’a pas vocation d’apprendre à l’enfant à lire. Il n’a pas vocation non plus de lui apprendre le nom des lettres encore moins de lui enseigner l’alphabet. En revanche il montre à l’enfant que le nom des lettres est un outil utile puisqu’il sert à les désigner (mais pas à les lire bien que le son de la lettre soit présent dans son nom sauf exception).  Connaitre ce  nom et en connaître l’ordre alphabétique sera plus tard le seul moyen de consulter efficacement un dictionnaire. De moins point de vue il n’y a aucune urgence à ce que l’alphabet soit enseigné en maternelle.

En suivant la progression montrée dans Le geste d’écriture et les cahiers correspondants, l’exercice  que je viens de montrer installe implicitement la perception de l’existence de la combinatoire et fait repérer les mots outils les plus simples. Par voie de conséquence la méthode ainsi appliquée donne à l’enfant une claire conscience qu’on n’écrit pas pour tracer des lettres mais pour produire du sens* et elle lui favorise l’accès à la lecture . ( * Le geste d’écriture page 21).

Commencer par l’écriture de mots ou, mieux encore de phrases pour en extraire les lettres facilite la perception du mot comme un tout donc assure  la fluidité du tracé en habituant peu à peu à l’anticipation. Cela devrait pouvoir aussi pour plus tard favoriser l’apprentissage de la lecture (mais pas le remplacer bien évidement)