LORSQU’IL APPREND À ÉCRIRE, L’ENFANT EST FORCÉMENT CONFRONTÉ À LA QUESTION DE LA PRODUCTION DE SENS. LA PRODUCTION DE SENS IMPLIQUE QUE L’IDÉE EXPRIMÉE A ÉTÉ CHOISIE PAR L’ENFANT LUI-MÊME ET NON EXPRIMÉE PAR UN TIERS QUI LUI DEMANDE DE RECOPIER CE QUI EST ÉCRIT. LE SENS EST PORTÉ À LA FOIS PAR LES MOTS ET/OU LES SIGNES ET PAR LEUR CONTEXTE. ILS PEUVENT ÊTRE ÉCRITS PAR L’ENFANT LUI-MÊME OU EN DICTÉE À L’ADULTE.
ll y a une différence fondamentale entre écrire sur une ligne plusieurs fois le mot “ici” et écrire “ici” en réponse à une question. L’écriture existe
pour produire du sens.
L’école maternelle prépare les enfants à l’écriture. Comme je l’ai expliqué dans l’article précédent, la façon la plus efficace pour produire du sens lorsqu’on en arrive au C est d’utiliser le son doux car il est le seul a pouvoir être utilisé pour faire une phrase avec les lettres déjà apprises (une phrase pouvant être composée d’un seul mot).
Le lexique comporte plus de mots avec un C dur mais seuls des mots outils à son doux peuvent être écrits à ce stade de l’apprentissage de l’écriture et trois d’entre eux forment à eux seuls une phrase : Celle-ci, celui-ci, ici. Ils ont alors l’avantage de pouvoir être écrits de façon réfléchie puisqu’ils peuvent être écrits de façon pertinente en réponse à une question : à la question “Quel jouet préfères-tu ?” (ou “Quel jouet tu préfères ?” si on sacrifie à l’évolution de la langue vers cette syntaxe) l’enfant répond “celui-ci”. C’est bien de celui-ci qu’il s’agit et pas d’un autre.
Le son doux peut donc être utilisé pour véritablement produire du sens c’est à dire pour que l’enfant écrive ce qu’il pense vraiment lui-même. Jusque-là l’enfant peut écrire des mots en situation et également quelques phrases qui ont du sens, par exemple “elle lit”, mais l’enfant n’y est pas impliqué de la même façon :
- L’écriture de la phrase “elle lit” a du sens en elle-même mais l’enfant qui l’écrit ne produit du sens que si elle s’oppose à une autre, selon le principe de pertinence. Autrement dit si l’enfant a à sa disposition d’autres possibles dont on lui a montré l’écriture (par exemple “elle lutte”) alors sa réponse “elle lit” fait sens pour lui sinon il ne fait que recopier la phrase apprise.
- Lorsqu’il écrit “celle-ci” ou “celui-ci” sous la reproduction d’un objet qu’il doit désigner l’enfant écrit ce qu’il pense “Celui que je préfère, c’est “celui-ci”, la maison la plus grande c’est “celle-ci”.
Il n’est pas question de nommer les lettres en les écrivant. Il n’y a donc pas d’interférence du rôle du nom (qui est un outil) dans l’exploitation du son (qui est un matériau). Cette interférence serait une gêne pour l’accès à la lecture plus tard.
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