La spécificité de la méthode d’enseignement de l’écriture que je propose est fondée sur le concept de geste d’écriture 1 que je définis comme allant du moment où on s’apprête à prendre le crayon jusqu’au moment où on écrit ce que l’on pense2.
Tel que je conçois l’enseignement du geste d’écriture, sa finalité sémantique est intégralement portée par un 3 programme moteur. Elle y puise sa source et sa liberté. Cette liberté fait l’authenticité et l’originalité de l’écriture individuelle laquelle combine gestion dynamique de l’espace graphique et gestion statique de l’espace graphique4-5
Quelle ne fut pas mon émotion en préparant le 10e colloque annuel de mon Cours, couplé cette année avec l’association ARÉ, quelle ne fut pas mon émotion, donc, d’écouter Carine Karachi, neurochirurgienne de renom5 , nous présenter ses travaux (voir ci-joint jusqu’a 1 minute 56)
“Qu’est-ce qui nous définit en tant qu’individu ? Qu’est ce qui fait qu’on est soi ?”
“Qu’est-ce qui reste de nous malgré le temps qui passe ? Mon expérience de neurochirurgien me fait dire que ce sont nos gestes qui nous définissent intimement”
“Nous avons tous un répertoire gestuel qui nous caractérise qui nous est propre et qui va perdurer toute notre vie”
“Il s’agit de programmes moteurs appris et automatisés par les régions profondes de notre cerveau. Ce sont des programmes subconscients. Cela veut dire que nous n’y pensons pas quand nous les exécutons. Et comme nous n’y pensons pas notre personnalité s’exprime à travers eux.”
“C’est au sein des structures profondes du cerveau que s’opère ce fabuleux mélange entre motricité et émotions d’autre part.”
Quelle émotion !
La mise en œuvre du Geste d’écriture croise une fois de plus les neurosciences en sonnant comme un écho à l’idée que plus le geste sera naturel (« gestes qui nous sont propres ») mieux l’enfant l’intégrera. Une sorte d’écho aussi à l’idée qu’un apprentissage procédural (« programme moteur automatisé ») est plus performant en qualité et en durabilité que la représentation imagée d’un résultat à attendre qui correspondrait à une sorte d’emboîtement de graphismes répertoriés indépendants les uns des autres.
Voir aussi le billet de ce jour : Colloque 2024
1 – « Nous proposons de nommer l’ensemble du processus qui part de l’intention de prendre un stylo et va jusqu’à l’inscription sur de l’idée sur le papier : le geste d’écriture » Thèse de doctorat, soutenue le 18/10/2013, page 390. https://theses.fr/2013PA05H004
2 – La finalité de l’apprentissage de l’écriture étant la production de sens. La dernière colonne du tableau de modélisation de l’apprentissage de l’écriture, énonce cette finalité : « Obtention d’une écriture cursive, fluide, claire lisible, bien disposée dans la page et dans le lignage autorisant directement à l’accès à la fonction sémantique de l’écriture ». Le geste d’écriture Méthode d’apprentissage Cycle 1 – Cycle 2- Différenciation et transversalité Éditions Hatier, Édition 2022 page 63
3 – Une synthèse de programmes moteurs. Le geste d’écriture Méthode d’apprentissage Cycle 1 – Cycle 2- Différenciation et transversalité Éditions Hatier, Édition 2022 Op Cit. Chapitre 3 Apprendre et enseigner : Une construction assistée des apprentissages, page 31 à 54.
4 – « Le guidage visuel que l’enfant met en œuvre pour écrire, ce n’est pas un guidage par le regard qui observerait la main en train d’écrire en respectant les contingences spatiales. C’est un guidage par le cerveau qui a enregistré des contingences spatiales de l’écriture et qui anticipe l’acte d’écriture au fur et à mesure de sa réalisation.
En même temps, qu’il en anticipe les contingences spatiales, le cerveau anticipe les formes de l’écriture.
( … )
Il (ce stockage) est utilisé comme outil de prédiction pour savoir ce qu’il faut faire pour produire le résultat attendu. Cette prédiction n’est pas exprimée. Je dirais qu’elle est « instinctive ». Bien que le contenu soit appris, son fonctionnement est naturel, il correspond au mode de fonctionnement de notre cerveau. »
Le geste d’écriture Méthode d’apprentissage Cycle 1 – Cycle 2- Différenciation et transversalité Éditions Hatier, Édition 2022 Op Cit Page 174
5 – Le professeur Carine Karachi est chef de clinique dans le service de neurochirurgie de la Pitié-Salpêtrière à Paris, neurobiologiste au Centre de recherche de l’institut du cerveau et de la moelle épinière et professeur de neurochirurgie.
Très intéressant !!!
En effet cela met encore davantage en lumière qu’il est essentiel de comprendre que LE geste d’écriture doit être profondément ancré et l’écriture ne doit pas être pensée lettre à lettre. On doit libérer l’esprit de la forme au profit du sens. Cela ne peut se faire que par un apprentissage procédural . Cette intervention de Carine Karachi, son travail de recherche est vraiment une belle démonstration de ce qui est à comprendre absolument dans votre méthode d’apprentissage et dans notre façon d’enseigner.
Merci
Merci à vous pour ce commentaire.
C’est vrai que l’école est tellement axée sur l’idée qu’il faut “suivre des modèles” que la nécessité de laisser l’enfant s’exprimer “à sa façon” pour pouvoir intégrer le modèle a du mal à se faire admettre (Voir dans le billet les extraits de la dernière édition du Geste d’écriture. C’est pourtant sur cette liberté que prendra assise sa confiance en soi Qui lui fera asseoir ses apprentissages sur un projet de réussite et pas seulement les apprentissages scolaires).