Stylo ou clavier ? Ne pas se tromper de combat.
Plusieurs états d’Amérique sont sur le point de rendre facultatif l’apprentissage de l’écriture manuscrite. « Et si l’on n’apprenait plus à écrire aux enfants ? » titre Le Bien Public, quotidien Bourguignon.
- Indéniablement les ressources du numérique sont immenses. Il est actuellement impensable passer outre comme le montrent les actions entreprises par le Ministère de l’Education nationale. En revanche, qui dit que le clavier serait intégralement indispensable pour tout accès à l’informatique ? Ce n’est qu’un périphérique. Les stylos enregistreurs et les stylets des tablettes graphiques offrent la possibilité d’écrire à la main. Qui dit qu’ils n’ont pas d’avenir ? L’usage de l’informatique n’exclut pas en soi l’usage de l’écriture manuscrite.
- Plusieurs recherches, J.L. Velay et M. Longchamps, Dehaene, tendent à montrer que, au contraire de l’écriture au clavier, l’acquisition de l’écriture manuscrite serait une aide à l’acquisition de la lecture. Pourquoi alors, à l’heure où tant d’enfants sont en difficulté, l’école se priverait-elle de cette aide potentielle ? Cette aide serait-elle réservée à ceux pour qui on prévoit de hautes destinées ?
Ce qui aide énormément la perception des lettres, c’est de pratiquer le geste d’écriture , nous dit Stanislas Dehaene (Pour ceux qui sont pressés écouter vers 22 minutes)
- Notre société prévoit que la validité des contrats et attestations de toute sorte qui l’organisent est liée à la présence de mentions manuscrites qui vont des trois mots « lu et approuvé » à des dizaines de lignes, comme c’est le cas des cautions solidaires pour l’obtention d’un logement, en passant par l’acceptation de devis pour des branchements au réseau d’électricité, par exemple.
Ne pas doter chaque citoyen de la possibilité d’écrire de sa propre main reviendrait à installer une discrimination sociale forte : d’un côté ceux qui savent, ceux qui maîtrisent parfaitement la lecture et l’écriture, de l’autre ceux qui ne savent pas et, par voie de conséquence, n’ont pas accès à tous les actes de la vie sociale, ceux pour qui, aussi, savoir lire serait pas indispensable…
A mon avis, la question du « tout au clavier » ou de l’usage du stylo n’est pas une simple question de choix d’outil pour écrire, c’est une question de risque de discrimination sociale insinuée sans qu’on n’y prête garde, une question de choix de vie en société, une simple question d’égalité.
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