Ce site est dédié à l’écriture cursive latine.  Cet article a pour intention de jeter un coup d’oeil rapide aux autres types d’écriture . 

Toute écriture est motivée par le besoin de produire du sens. Les enfants perçoivent que les signes graphiques utilisés pour faire sens sont divers : pictogrammes signalétiques, écriture chinoise, écriture japonaise, écriture arabe, écriture romaine (utilisée en France)…
La comparaison de pages écrites peut porter à supposer que la différence entre les systèmes d’écriture se résume essentiellement à la différence formelle des signes. Pourtant il existe parmi les langues :

1) Des signes qui ne sont pas des lettres et certains signes qui transcrivent des syllabes.
La structuration spécifique de l’écriture chinoise laisse à penser à juste titre qu’elle n’est pas constituée de lettres. En revanche, la simple observation ne permet pas de percevoir que les signes graphiques du japonais, à l’exception de ceux empruntés au chinois, sont syllabiques.

2) Des écritures sans voyelle.
Comme l’hébreu, la langue arabe a une structure consonantique. Son lexique est construit à partir de racines généralement composées de trois consonnes. Son fonctionnement par schèmes (qu’on pourrait définir comme des schémas types significatifs) autorise l’absence de voyelles écrites. Les voyelles – qui sont au nombre de trois /a/, /i/, /u/ – ne figurent donc pas dans l’écriture arabe sauf les voyelles longues appelées semi-voyelles ou semi-consonnes. Les voyelles courtes figurent sous forme de signes diacritiques (petits signes placés au-dessus des lettres auxquelles elles s’associent) dans les livres destinés aux enfants dont la connaissance de la langue est encore insuffisante.

3) Une variation dans la relation entre graphèmes et phonèmes.
Utilisant un alphabet à la fois consonantique et vocalique, notre écriture latine pourrait laisser croire à un mode de fonctionnement uniforme dans toutes les langues concernées.
Tous les phonèmes des langues alphabétiques non exclusivement consonantiques – donc du français – sont en relation avec des unités graphiques. Cependant le mode de relation graphème/phonème n’est pas uniforme d’une langue à l’autre.
Certaines langues ont des relations graphème/phonème et phonème/graphème stables : c’est le cas de l’espagnol. Leur orthographe est donc régulière. D’autres, comme le français, ont des relations graphème/phonème et phonème/graphème instables, avec une asymétrie entre les deux, les premières étant plus régulières que les secondes. Par ex. dans le groupe consonne/voyelle/consonne/voyelle la lettre o se lira toujours /o/ ; en revanche dans le même cas, le son /o/ peut s’écrire o, eau, au, etc. La prédiction de l’orthographe à partir de la prononciation est donc difficile pour l’enfant qui apprend à écrire le français. En conséquence, les hypothèses d’orthographe seront pour lui fréquemment aléatoires en début de scolarité, ce qui n’est pas le cas pour l’apprentissage de l’espagnol.

4) Une variation de la segmentation selon le type de langue.
A l’intérieur d’une même langue, la chaîne parlée ne coïncide pas toujours avec la segmentation des mots. Pour le percevoir il suffit d’écrire la phrase « un petit oiseau » en la prononçant.
Les segmentations écrites qui nous semblent être une norme pour rendre compte de l’oral ne sont pas pour autant universelles. Ainsi Bab El Oued, non d’une commune qui signifie La porte de la rivière ou plus précisément Porte la rivière  s’écrit en arabe باب الواد se qui se décompose phonétiquement en bab / alouad. (bab باب   alouad الواد) l’article al  ال  étant lié au mot ouad   واد   dont les trois lettres sont séparées car les deux premières ne se lient jamais à la lettre qui suit (c’est-à-dire qui est à sa gauche).

Les différences syntaxiques entre les langues peuvent affecter plus avant la segmentation. C’est le cas des langues agglutinantes par rapport aux langues qui utilisent des déterminants. Par exemple là où le français utilise une préposition autonome, ex. la préposition dans pour marquer le lieu où on est, le hongrois, langue agglutinante, lie un affixe au radical pour écrire l’ensemble d’une seule unité, ex. ban ou ben en hongrois pour le même usage : varos la ville, varosban dans la ville, keniv le livre kenivben dans le livre, la voyelle variant entre a et e en assonance avec la voyelle du radical.

A l’exception de l’article, l’ensemble des déterminants s’agglutine au nom. Exemple : la voiture a auto, ma voiture az autom, mes voitures az autóim, dans mes voitures az autóimban     (auto=voiture ; m = la mienne ; i = pluriel ; ban = dans)