Comment commencer en CP avec des enfants déjà en difficulté ?
Question : J’ai lu votre travail avec intérêt et j’aimerais mettre en place votre méthode d’écriture cette année. Je suis enseignante en CP en ZEP. Mes collègues de m (suite…)
Question : J’ai lu votre travail avec intérêt et j’aimerais mettre en place votre méthode d’écriture cette année. Je suis enseignante en CP en ZEP. Mes collègues de m (suite…)
Dernier né de la collection “Les cahiers d’écriture”, le cahier Remédiation se propose de fournir des exercices permettant de remédier aux difficultés d’écriture, comme son nom l’indique.
Ce cahier aborde tous les aspects de l’écriture auxquels il est possible de remédier sans formation spécifique à la rééducation de l’écriture. De la position de la main jusqu’à la prise d’indices et à la copie différée avec relecture (pour droitiers et pour gauchers), il balaie les champs remédiables en focalisant l’attention sur des caractéristiques spécifiques. Il ne remplace pas le cahier perfectionnement qui, lui, a sa place dans le prolongement du cahier 1 apprentissage. Il ne remplace pas non plus le travail d’un rééducateur, lequel nécessite une connaissance approfondie du fonctionnement du geste graphique. En revanche, il a place dans l’aide personnalisé aux élèves présentant des difficultés d’écriture modérées.
Il a été rafraichi en 2020 comme on peut le voir sur le site des éditions Hatier
Danièle DUMONT – Master 2 Recherche – Sciences du langage
Cours de Monsieur DANON-BOILEAU
Pathologie de l’acquisition de la communication et du langage chez le jeune enfant
THEME DU DOSSIER : TROUBLES DE LA COMMUNICATION ET REEDUCATION D’ECRITURE
INTRODUCTION
Les cours d’acquisition du langage chez le jeune enfant et ses échanges avec l’entourage au premier semestre de cette année universitaire suivis des cours de pathologie de l’acquisition de la communication et du langage chez le jeune enfant, dispensés les uns et les autres par Monsieur Danon-Boileau, par ailleurs psychanalyste au centre Alfred-Binet, ont attiré mon attention sur certains cas rencontrés dans mon activité de rééducatrice en écriture.
Outre des enseignements d’ordre comportemental dont beaucoup confortent ce que j’avais pu observer en plus de 20 ans de pratique, ces cours m’ont confortée dans la tonalité de ma relation avec les enfants en difficulté de communication et m’ont apporté un éclairage sur les acceptations spontanées de certains exercices alors que d’autres sont accueillis avec plus de réticence.
C’est sur ces derniers exercices et sur la variation de leur impact en fonction de la nature du trouble que portera le présent dossier.
Ma fonction de rééducatrice en écriture me donne l’occasion de rencontrer de temps à autre des enfants souffrant d’un trouble de la communication. Il n’est ni dans mes compétences ni dans mes intentions de m’immiscer dans le travail des thérapeutes qui les ont en charge. Hormis ma fonction de rééducatrice, je me situe donc exclusivement en position d’observatrice au regard du trouble de la communication de ces enfants. Malgré leur difficulté à entrer en relation et à interagir avec les personnes, j’ai pu établir un contact avec eux par le biais de la remédiation de leur geste d’écriture.
Le dossier que je me propose de présenter ici relatera trois cas : un cas d’enfant autiste de 8 ans ½ , un cas d’enfant de près de 6 ans présentant un trouble de la communication d’origine purement psychologique, un cas d’adolescent présentant également un trouble de la communication. J’essaierai d’ébaucher une conclusion en relation à la fois avec les troubles de la communication et la rééducation d’écriture.
Les consultations présentées étant antérieures à la présente année universitaire, je ne pourrai relater que les événements et comportements consignés au dossier de chaque enfant. Des comportements qui auraient pu avoir un intérêt clinique peuvent ne pas avoir été relevés faute, à l’époque, de connaissance sur le sujet et de raisons de les consigner.
Les séances à mon cabinet consistent en une observation de l’écriture produite et en cours de production, en l’analyse de son évolution et en la mise au point des exercices à faire quotidiennement pour poursuivre la remédiation. L’objectif est atteint lorsque l’écriture remplit des conditions de lisibilité, vitesse et présentation satisfaisantes et que l’intéressé « est réconcilié avec son écriture ».
S’agissant de remédiation portant sur une technique, celle du geste d’écriture, ces séances sont espacées d’au moins trois semaines pour que les automatismes concernés se mettent en place, sauf les deux premières qui ne sont espacées que d’une semaine pour me permettre de voir si le principe est compris et les exercices quotidiens acceptés, contrairement à « la prise en charge (thérapeutique) d’un enfant en difficulté de communication et de langage (qui) se fait en général à raison de deux ou trois séances par semaine 1» ainsi que l’indique Monsieur Danon-Boileau.
En effet, mon travail au cabinet concerne la mise au point d’exercices quotidiens à faire à la maison afin d’investir efficacement le geste d’écriture, tandis que la sémiothérapie psychanalytique créée par Monsieur Danon-Boileau consiste à « créer des circonstances qui engagent à l’échange et favorisent l’émergence d’une communication qui fasse recours à la parole 2» donc nécessite des contacts fréquents et ne comporte pas de volet en l’absence du thérapeute.
Ma relation aux enfants est faite d’écoute bienveillante et s’inscrit dans une tonalité calquée sur celle de la communication de l’enfant : selon les cas plus de silence, plus de parole, plus de lenteur, plus de vivacité… avec aussi recadrage si nécessaire. La poignée de main à l’arrivée est de rigueur quel que soit l’âge, ce qui instaure d’emblée une relation différente des relations habituelles à l’adulte, la poignée de main étant peu coutumière en direction des enfants.
1 – UN CAS D’AUTISME
Pierre est un jeune autiste de 8 ans ½. Il est en CE1. A l’entrée dans mon cabinet, il se serre contre sa mère ; ensuite il refuse qu’elle le laisse lorsqu’elle retourne en salle d’attente après que nous ayons fait le point de la situation scolaire et scripturale de Pierre. Il appelle « Maman, maman ». Il faut le rassurer. Sa maman le fait d’une voix ferme et affectueuse. Cette anxiété à entrer dans mon cabinet et ce besoin d’être rassuré au départ du parent accompagnateur se renouvelleront au début de chaque séance. Les cours m’apprendront plus tard que ce comportement anxieux à l’occasion des changements de lieu est fréquent dans les troubles de la communication.
Le contact est fonctionnel et fragile. Pierre n’a pas le contact spontané mais il répond aux sollicitations. Il parle d’un ton neutre. Il n’accroche pas mon regard. Cette mise à distance ne m’est pas réservée, Pierre coupe tout lien même auditif avec son entourage, à l’école il évite le contact avec l’enseignant en regardant le mur derrière lui et à la maison il refuse les câlins. Il aime jouer seul que ce soit à la maison ou à l’école. Il aime les jeux vidéo mais il n’aime pas regarder la télévision.
Les dispositions intellectuelles de Pierre sont en rapport avec son âge. Elle sont sans doute étayées par une éducation structurée, faite d’écoute et d’exigence.
C’est un enfant passif, pataud, au geste graphique mal assuré. Il adopte une posture tassée et comme bloquée ; il serre fortement son stylo. Après que j’aie vu comment il s’y prenait pour écrire, afin d’alléger la tension et de l’obliger à un déplacement du bras vers la droite nous essayons un tracé glissé de la couleur de son choix, sorte de grand 8 couché sur format A4 en paysage (c’est-à-dire placé dans le sens de la longueur).
Pierre se sent à l’aise dans l’exécution de cet exercice. Le côté répétitif de la tâche lui convient bien. J’apprendrai plus tard que la répétition de mouvements circulaires est souvent associée aux troubles de la communication de type autistique, ce qui peut expliquer l’intérêt de Pierre pour cet exercice.
Viennent ensuite, toujours sur papier uni de format A4 en paysage, des boucles de dimensions différenciées pour faire le lien avec ce qui deviendra l’écriture : deux grandes, deux petites, deux grandes (cf. illustration ci-dessus).
Par la suite, nous traitons également l’espace du lignage des cahiers d’écolier, dont le respect est d’une grande difficulté pour Pierre, puis les lettres rondes, dont Pierre ne maîtrise pas le point d’attaque, puis des formes spécifiques.
J’observe, je commente peu, adoptant pendant qu’il s’exécute le silence attentif et intéressé, usant de la parole presqu’exclusivement pour formuler les consignes et saisir les occasions de réussite pour l’encourager sans avoir eu l’occasion de répondre à une sollicitation ou à un énoncé spontané puisque Pierre n’en émet pas. Comme pour chaque enfant, je cherche ses centres d’intérêt pour cibler les mises en application de la compétence travaillée dans des phrases qui le motivent. Son déficit de communication m’incite à lui faire des propositions d’ouvrages dans lesquels nous rechercherons une base de travail plutôt qu’à lui faire chercher une phrase ou lui en proposer de ma batterie personnelle. Nous travaillons aussi sur des phrases écrites en classe, donc qu’il a déjà vues.
La rééducation a demandé six séances et s’est déroulée sur dix mois suite à un voyage de la famille à l’étranger pendant cinq mois. Sans que l’écriture de Pierre soit d’une haute qualité, l’objectif a été atteint : l’écriture est devenue lisible et respecte les interlignes, chose qui était tout à fait impossible à Pierre auparavant.
Pierre semble y avoir gagné une meilleure estime de soi à la fois au dire des parents et à l’observation de son comportement devant ses productions écrites. Cette estime de soi est étayée par le fait que la maîtresse a pu constater ses efforts à travers l’amélioration de l’écriture.
Son comportement communicationnel est resté le même : démonstration d’angoisse à son arrivée dans mon bureau et au départ des parents pour la salle d’attente. La rééducation n’a pas eu d’impact non plus sur sa participation à la vie de classe, sur les jeux collectifs, ni sur son comportement à la maison, mais ce n’était pas son objectif.
2 – UN CAS DE TROUBLE DE LA COMMUNICATION D’ORIGINE PUREMENT PSYCHOLOGIQUE
Annie a bientôt 6 ans. Elle est en grande section maternelle. Elle m’est adressée par les services d’aide sociale à l’enfance au cours du 2ème trimestre de l’année scolaire.
Par suite de mauvais traitements familiaux d’une haute gravité, Annie est placée dans une famille d’accueil avec ses deux frères. Bien que bavarde dans la famille d’accueil et participant volontiers aux jeux de ses frères, Annie s’est installée à l’école dans un mutisme complet aussi bien vis-à-vis de ses camarades de classe que vis-à-vis de l’équipe pédagogique. Elle reste prostrée dans son coin et ne participe pas à la classe. Ses productions graphiques sont très rares et de faible niveau.
Annie est suivie par une psychologue des services de l’aide sociale à l’enfance. Elle ne présente aucune pathologie.
Lorsqu’elle arrive en rééducation, Annie se présente comme une petite fille craintive mais éveillée. Ses productions graphiques à l’école sont pratiquement inexistantes et de mauvaise qualité. Elle accepte la rééducation et se prête volontiers aux exercices.
Les conclusions du bilan indiquent qu’il s’agira de mettre en place les compétences kinesthésiques qui régissent la gestion dynamique de l’espace graphique, c’est-à-dire l’entrée dans l’écriture par le geste formateur des lettres qui la constituent. Les premiers travaux demandés à Annie sont donc des jeux de foulards ou de rubans qui laissent une trace éphémère dans l’espace et initient le mouvement formateur de l’unité minimale essentielle de l’écriture, la boucle 3.
Après une semaine, à l’occasion de la 2ème séance, les jeux de foulards ou de rubans sont complétés par les mêmes mouvements laissant une trace sur une piste graphique verticale. Il s’agit de laisser des traces de couleur sur une feuille de deux mètres de long, fixée au mur à hauteur de l’enfant, en changeant de couleur à chaque passage et en changeant de feuille chaque jour afin que je puisse évaluer l’évolution. Formées par le même mouvement que celui des jeux de foulards et de rubans, ces traces représentent des boucles enchaînées les unes aux autres dans un geste continu. Elles vont d’un bout à l’autre de la feuille. Le changement de couleur permet de différencier les lignes car elles se superposent.
Je montre à Annie le geste à faire : c’est un réinvestissement des jeux de foulards. Alors que son geste avec le foulard était ample, soit Annie fait de tout petits mouvements formant des boucles très petites, légères, médiocrement assurées, soit elle refuse. ″ Nous décidons ″ alors de les faire ensemble. Je lui tiens la main et nous faisons plusieurs fois le même geste sur la même feuille. Annie se laisse guider.
La consigne pour le travail quotidien jusqu’à la séance suivante, trois semaines plus tard, est donc que sa maman d’accueil, Madame A, lui fasse faire des boucles sur plan vertical en commençant à main guidée les premiers jours pour impulser le geste jusqu’à ce qu’Annie accepte de les faire seule.
Quelques jours plus tard Madame A, me téléphone :”Annie ne veut plus que je lui tienne la main, que dois-je faire ?”. C’est bon signe. Je conseille donc de lui laisser faire seule les boucles demandées. A la séance suivante (c’est à dire quatre semaines après le début de la rééducation) Madame A m’apprend que, dès qu’elle a pu réaliser seule les boucles sur plan vertical, Annie s’est mise à parler en classe et à participer à la vie de la classe et aux jeux des autres enfants. En même temps, elle accepte de réaliser les productions graphiques qui lui sont demandées en classe. Certes elles sont de mauvaise qualité (cf. illustration page suivante) mais elles existent, ce qui correspond à l’objectif des premières séances : libérer le geste graphique, étape indispensable pour pouvoir ensuite le travailler.
En libérant son geste graphique, base de la communication écrite, Annie a pu enfin s’exprimer oralement ; elle a osé s’exprimer de nouveau oralement en-dehors de sa famille d’accueil. Ce serait plus éloquent encore dit en espagnol : “se ha atrevido a”, l’étymologie de ce verbe remontant jusqu’à la notion de ce qui est réparti entre les tribus, autrement dit attribuable à chaque tribu, chaque clan ou chaque famille et soulignant, de ce fait, la transgression qu’implique cette étape de la vie psycho-affective de la fillette. Elle a transgressé la consigne implicite de silence qui lui avait été imposée par son vécu familial.
Pendant que nous discutons de l’évolution de la rééducation, Annie dessine sur un tableau qui se trouve dans mon bureau. Elle a à sa disposition deux marqueurs : un noir et un vert. Alors qu’elle en était jusqu’ici au bonhomme têtard, Annie dessine une fillette aux cheveux longs, aux bras largement écartés et dont la robe est bicolore : noire à gauche, verte à droite. La bouche est fortement noircie.
Nous pouvons supposer que la bouche dessinée en noir dit l’interdiction de parler et que le côté gauche noirci du dessin nous dit le poids douloureux de son vécu et que, parallèlement, l’accès à une trace écrite et à un dessin à la fois figuratif et symbolique – au lieu du bonhomme têtard habituel – montre qu’Annie s’accorde désormais le droit de s’exprimer. Il est vrai qu’elle ne s’en prive pas, y compris à l’école où la maîtresse la trouve maintenant trop bavarde, y compris aussi auprès de moi elle se comporte en fillette vive et espiègle s’exprimant volontiers spontanément.
La rééducation a demandé six séances et s’est déroulée sur quatre mois. L’entrée dans l’écriture est devenue possible.
Parallèlement aux premiers résultats de la rééducation graphique, le comportement communicationnel d’Annie en dehors de sa famille d’accueil a fortement évolué. Il a rejoint, en communication orale et en partage des jeux, ce qu’on attend d’une enfant de son âge.
3 – UN AUTRE CAS DE TROUBLE DE LA COMMUNICATION
Jean, 15 ans, est déscolarisé depuis deux ans. Il suit des cours de classe de 4ième par correspondance. Sa mère l’accompagne. Il entre la tête cachée sous le pan de sa veste. L’interrogeant sur l’objet de sa visite, je n’ai pas réussi à lui faire prononcer un seul mot. L’objectif était de le faire parler de sa relation à l’écriture.
Moi : – Bonjour. Alors, pourquoi viens-tu me voir?
Jean : –
Moi : Tu ne sais pas ?
Jean : –
Moi : As-tu porté quelque chose à me montrer ?
Jean : –
Sa mère me tend ses cahiers. L’écriture est difficile à lire. Elle est très serrée. Le trait est tendu.
Tout au long de l’introduction à la séance de rééducation, c’est la mère qui répond à mes questions. Nom, prénom, date de naissance, classe etc. Jean reste impassible, le corps rigide, comme figé, n’établissant aucun contact du regard ni avec moi, ni avec sa mère.
Afin de faire le point sur l’apprentissage et l’évolution de son écriture, je consulte les cahiers. Jean ne dit rien. Après que j’aie expliqué à Jean et à sa mère le déroulement des séances et mon pronostic d’évolution de l’écriture, sa mère retourne en salle d’attente.
J’essaie d’établir le contact en évitant toutefois de trop parler. Je lui donne des consignes et lui montre ce qu’il doit faire en l’exécutant moi-même. Jean écoute. Il suit les consignes. Il réajuste lorsque je le lui demande. Je suis amenée à lui guider la main pour impulser un mouvement de tracé-glissé, c’est-à-dire de grands tracés en boucles sans lever le stylo ayant grosso-modo la forme d’un oiseau à la Matisse, puis pour impulser des séries de boucles.
Ces productions, à réaliser rapidement, ont pour objectif d’apprendre à dégager le bras du corps et mobiliser les doigts pour les mouvements de motricité fine qui formeront l’écriture. Elles ont également pour objectif d’accélérer le geste, le tout ayant pour finalité de rendre l’écriture plus aérée et plus fluide.
Jean se prête sans réaction spécifique à ces exercices à main guidée. Il les poursuit seul avec réussite. Il réalise tous les travaux demandés sans commenter ni manifester physiquement de l’intérêt ou du refus. Les exercices sont répétitifs : il s’agit de repasser vivement sur un tracé-glissé ou de reproduire plusieurs fois de suite d’un geste vif des séries de boucles identiques. Lorsque c’est nécessaire, je m’assure que Jean ait bien compris et qu’il soit d’accord pour tel ou tel exercice. Ses réponses sont rares et brèves.
La rééducation se poursuit sur ce mode jusqu’à son terme. Notre contact s’établit donc autour de l’écriture. Je lui parle peu afin de respecter sa façon d’être tout en le sollicitant, suffisamment toutefois pour tenter d’enclencher un échange. En vain. Les réponses de Jean sont rares : 3 à 4 réponses d’un à deux mots pour ¾ d’heure de consultation, soit environ 2 mots groupés par quart d’heure. Elles sont prononcées d’une voix neutre, d’intensité moyenne. Elles sont adaptées.
Avec deux mots par énoncé, on pourrait penser à un syndrome sévère de l’expression de la parole, mais le trouble de la communication non verbale (n’accroche pas le regard, se cache sous le pan de sa veste lorsqu’il entre, adopte une posture rigide) et le trouble de la prosodie (ton neutre, monocorde) orientent vers un trouble de la communication et du langage plutôt que vers un trouble pur du langage 4.
Sa mère me dit qu’il fait avec plaisir les travaux quotidiens entre les séances (environ ¼ d’heure), notamment les tracés glissés puis les séries de boucles.
Jean n’a pas d’amis. Il n’a pas de camarades de classe puisqu’il est déscolarisé. A la maison Jean a peu de contact : contacts réduits à l’essentiel avec sa mère, pas de contacts avec son père, présent physiquement. Jean s’enferme dans sa chambre. Sur mes conseils, il fait ses exercices de rééducation en musique. Derrière la porte sa mère l’entend chantonner en les faisant.
Jean vient volontiers en rééducation mais il entre toujours dans la salle d’attente la tête cachée sous le pan de sa veste.
Ayant appris par sa mère qu’il ne bénéficiait d’aucune aide psychologique ni psychanalytique, j’ai, entre temps, adressé Jean à un psychanalyste spécialiste des adolescents attaché à l’hôpital psychiatrique de la région.
Peu de temps après, un échange avec le psychanalyste m’a appris que la thérapie avait due être abandonnée après trois séances faute d’avoir pu établir un contact : aucune parole n’est sortie de la bouche de Jean dans aucune des trois séances.
La prise en charge familiale qui avait été évoquée tant par la mère que par le psychanalyste n’a pas pu se faire car le père s’y est opposé. Selon la mère le comportement du père serait proche de celui du fils avec, en plus, un rejet du fils.
La rééducation graphique a desserré l’écriture sans l’assouplir beaucoup, mais l’objectif est atteint. L’écriture est lisible.
La rééducation s’est terminée après six séances étalées sur quatre mois. Elle a atteint son objectif de remédiation de l’écriture. Jean en accueille la fin sans manifestation visible mais sa mère dit qu’il regrette que nous arrêtions, les exercices lui plaisaient bien. Je comprends à demi-mot qu’elle-même regrette que Jean ne poursuive pas alors même qu’elle est d’accord pour constater que l’objectif est atteint.
Au dire de la mère, la rééducation semble avoir apporté un certain bien être à Jean. La répétitivité des exercices convenait bien à son mode de fonctionnement, c‘est sans doute pourquoi il les a acceptés si volontiers. En dehors de leur objectif de remédiation du geste d’écriture, ils ont un effet positif en soulageant son angoisse. Cependant le corollaire était un risque d’installer plus encore Jean dans son monde intérieur fermé à la communication. Je pense que poursuivre la rééducation comme semblait le souhaiter sa mère eut été une erreur, mais je comprends aussi qu’en tant que mère elle en voyait surtout l’effet apaisant sur son fils, ce qui lui rendait difficile l’évaluation des risques.
En revanche la rééducation n’a apporté à Jean aucune ouverture à l’autre. Son trouble de la communication persiste intégralement, du moins ce que j’en connais directement ou au dire de sa mère.
CONCLUSION : Intérêt de l’examen de l’évolution du trouble de la communication au cours de la rééducation de l’écriture.
Les trois enfants en question avaient en commun un trouble de la communication qui s’exprime, entre autres, dans une difficulté à entrer en relation avec l’autre.
Leur rééducation d’écriture a eu en commun un investissement de l’acte graphique dans de grands tracés répétitifs (boucles sur plan vertical pour la plus jeune, tracés en circuit fermé sur table pour les deux autres) suivis de séries de boucles constituant l’unité minimale essentielle de notre écriture cursive réalisées sur table sur format A4 5.
La rééducation graphique a atteint son objectif pour chacun des trois enfants. De plus, en les gratifiant, elle a amélioré l’image de soi de Pierre et d’Annie. On ne sait pas quel impact elle a eu à ce sujet pour Jean. Par ailleurs,
– Elle n’a pas eu d’effets sur le trouble de la communication de Pierre, dont l’autisme avait été diagnostiqué.
– Elle a eu un effet décisif sur le trouble de la communication – d’origine purement psychologique – d’Annie : en ouvrant l’accès à la communication écrite, la rééducation graphique a débloqué la communication orale et cela dès les premières productions.
On peut donc émettre l’hypothèse que certains exercices de rééducation d’écriture – en l’occurrence les exercices préparatoires portant sur l’investissement du geste graphique – aident à la résorption des difficultés de communication orale chez les enfants dont le trouble est d’origine purement psychologique (Annie) et n’a aucun effet chez les enfants dont le trouble est d’origine pathologique (Pierre).
On constate que la rééducation graphique n’a eu aucun effet sur le trouble de la communication de Jean.
Bien qu’il ait réalisé avec plaisir semble-t-il, en tout cas sans rejet, l’ensemble des exercices demandés, Jean n’a donc pas pu puiser dans la facilitation de la communication écrite les ressources nécessaires pour résorber ses difficultés de relation à l’autre.
Or, Jean s’est investi dans des productions graphiques circulaires (qui combinent la fascination pour ce qui tourne et l’attrait pour les jeux obsessifs), il résiste aux changements de routines (cf. il aurait voulu continuer), il établit difficilement un contact avec autrui, il n’établit pas de contact visuel, il ne parle pas, il s’isole dans sa chambre, les changements de lieu l’angoissent, autant de signaux qui alertent sur la possibilité d’une origine de type autistique.
En cela, il rejoint Pierre qui, présentant les mêmes symptômes, n’a pas bénéficié non plus d’une évolution positive de ses difficultés de communication alors qu’Annie, qui ne présentait pas ces symptômes à l’exclusion de l’absence de communication en milieu non protégé a bénéficié d’une évolution radicalement positive de ses difficultés de communication grâce à son implication dans le geste essentiel de l’écriture.
Bien sûr mon travail ne vise pas à la restauration ou à l’établissement d’une communication. Ce n’est pas dans mes compétences. Il s’attache plus modestement au geste d’écriture quel que soit le degré de l’absence de désir d’échange que je peux constater chez l’enfant. Il ne s’agit pas pour moi de comparer ce travail à une prise en charge spécifique susceptible de « créer des circonstances qui engagent à l’échange et favorisent l’émergence d’une communication qui fasse recours à la parole» 6.
Toutefois, il semble qu’on puisse en inférer l’hypothèse qu’un investissement dans le geste graphique est une aide à l’entrée dans la communication orale pour les enfants dont l’absence de parole est d’origine purement psychologique. Il semble qu’on puisse aussi en inférer l’hypothèse que la persistance du trouble de la communication peut être un indice de son origine pathologique lorsqu’a été mise en œuvre cette voie d’accès à la communication qu’est l’investissement du geste graphique. .
Si ces hypothèses se confirmaient – d’une part serait mis en évidence l’intérêt, pour les enfants en difficultés communicationnelles d’origine psychologique, d’une concomitance entre un travail sur l’expression par le geste graphique et un suivi psychologique ou psychanalytique ;
– d’autre part on pourrait alors diriger vers une investigation diagnostique les enfants sans langage ou à langage réduit non diagnostiqués dont la rééducation graphique ainsi conduite n’a pas d’effets sur les difficultés de communication.
1 Danon-Boileau, Laurent, Des enfants sans langage, Editions Odile Jacob, Paris janvier 2002, 284 pages, page 79.
2Op cit. page 80.
3DUMONT, Danièle, Le geste d’écriture – Méthode d’apprentissage – Cycle 1 – cycle 2, Paris, Editions Hatier, Collection Hatier pédagogie, 2ème édition 2006, 176 pages. Chapitre 6, le code scriptural : unités minimales et formes de base, chapitre 7 La gestion dynamique de l’espace graphique : création des formes et accès à l’écrit pages 80 à 102.
4 Danon-Boileau, Laurent, op. cit. page 20
5DUMONT, Danièle op. cit. unités minimales et formes de base, pages 80 et suivantes.
6DANON-BOILEAU, Laurent, page 80
BIBLIOGRAPHIE
DANON-BOILEAU, Laurent, Des enfants sans langage, Paris, Édition Odile Jacob 2002, 284 pages
DUMONT, Danièle, Le geste d’écriture – Méthode d’apprentissage – Cycle 1 – cycle 2, Paris, Editions Hatier, Collection Hatier pédagogie, 2ème édition 2006, 176 pages.
Laurent DANON-BOILEAU est professeur d’acquisition du langage et de linguistique générale à l’Université René-Descartes-Paris V.
Il est également psychanalyste, psychothérapeute d’enfants sans langage au Centre Alfred Binet à Paris.
Écouter sa conférence « Penser hors langage : quelle représentation ? » dans le cadre des Conférences de Lamoignon
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DUMONT, Danièle, Le geste d’écriture – Méthode d’apprentissage – Cycle 1 – cycle 2, Paris, Editions Hatier, Collection Hatier pédagogie, 2ème édition 2006, 176 pages.
Des échos des 2èmes journées de l’écriture, cru 2012 (celles destinées aux enseignant-e-s ).
J’ai été ravie de recevoir, à cette première, des enseignant-e-s de divers coins de France, mais aussi de Tunisie. Les plus lointaines ont donc pris l’avion pour venir et les plus proches n’ont fait guère plus de 10 km. Ce fut pour moi un réel plaisir d’accueillir les un(e)s et les autres. Je me demande même si je ne vais pas renouveler plus tôt que prévu. A suivre , donc.
Oraliser, verbaliser, nommer,
ou plutôt : verbaliser, nommer, oraliser. Que de confusions parfois autour de ces trois verbes, auxquels (suite…)
Suite à deux jours de formation avec vous, nous avons mis en place les activités que vous nous avez proposées. Les progrès des enfants dans la gestion de l’espace graphique sont étonnants me dit une (suite…)
La modélisation de l’apprentissage de l’écriture se lit en commençant par la fin (finalité -> compétence à acquérir pour accéder à cette finalité -> ce qu’il faut avoir atteint pour construire ces compétences -> compétences de base à mettre en place pour atteindre cet objectif premier). En revanche, c’est bien de gauche à droite qu’elle se pratique (mise en place des compétences de base -> objectif visé par cette mise en place etc.)
Cette modélisation a des exigences qui en font l’efficacité mais aussi la difficulté ; tout doit être commencé de front : latéralisation, développement des compétences motrices, développement des compétences visuo-spatiales et auditives, développement des compétences kinesthésiques commencent à se travailler dès l’arrivée de l’enfant en maternelle (cf. le cahier 1 qui consigne les progrès de l’enfant dans sa préparation à apprendre à écrire).
Cela se fait en transversalité, c’est à dire dans le cadre des multiples activités de la classe, de façon ludique, sans même que l’enfant s’en rende compte sur le moment puisque l’objectif de l’enfant s’inscrit dans le jeu ou l’activité proposés (tandis que celui de l’enseignant a des visées pédagogiques). L’avantage, et il est de taille, est que les enfants écrivent bien lorsqu’ils commencent à écrire, car ils ont préalablement acquis toutes les compétences nécessaires, et qu’ils l’ont fait avec plaisir.
Le calendrier d’Enfantines, école maternelle de La Marsa en Tunisie, offre un superbe exemple de préparation à l’écriture en transversalité. On y voit, entre autres, des travaux de contrôle visuel des alignements et de la régularité des dimensions (qui concerne ce que j’ai nommé la gestion statique de l’espace graphique) et de positionnement et mobilité des doigts (qui concernent la tenue et le maniement du crayon). En voici un extrait
Les comptines pour apprendre à écrire qui peuvent être écoutées à partir du site font entendre des frappes afin d’inciter les enfants à les suivre. En renouvelant ces frappes sur la table, puis en les réinvestissant ultérieurement au rythme de sa propre évocation mentale en apposant des taches de couleur à l’éponge, et enfin en collant des gommettes selon le même rythme d’espace, l’enfant s’assure un renforcement auditif de la gestion statique de l’espace graphique.
Rapport sur l’école maternelle Rapport – n° 2011-108 _ octobre 2011
Conformément aux engagements de Vincent Peillon, des rapports de l’inspection générale non communiqués par le précédent ministère ont été mis en ligne
“Les rapports de l’Inspection générale de l’éducation nationale (IGEN) et de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) ont désormais vocation à être publiés. Cette transparence contribuera utilement au débat public sur la réussite éducative.”
Parmi eux, un rapport sur l’école maternelle :
http://media.education.gouv.fr/file/2011/54/5/2011-108-IGEN-IGAENR_215545.pdf
Je reviendrai plus tard dire si le coup d’œil que j’ai jeté sur l’entrée dans l’écrit correspond à ce que m’en dira une lecture approfondie. Ce que j’en ai aperçu et les commentaires que j’ai lus laissent à penser que le rapport, état des lieux dans un certain nombre d’écoles dont la liste est donnée en annexe, dresse un bilan des pratiques et les condamne pour l’essentiel.
A partir de ce survol, il me semble qu’en ce qui concerne l’écriture il y a des risques que soit proposé de jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais, je le redis, il me faudrait consacrer à sa lecture le temps nécessaire pour en faire une analyse approfondie avant d’affirmer.
Sur la base du survol, donc, que j’en ai fait et de la lecture de certains commentaires comme ceux des Echos (cf. ci-dessous) je retrouve vis à vis de l’écrit sensiblement le même schéma que celui que j’ai rencontré à l’occasion de mon mémoire de maitrise de linguistique fonctionnelle : la préparation à l’écriture semble quelque chose d’ignoré, d’inconnu. On retrouve les notions de graphisme, de dessin et d’écriture mais soit il s’agit que les premiers préparent à la dernière – [lbfenix id=”129″ title=”ce qui est combattu depuis longtemps déjà”] Lettre d’information n° 20 de l’INRP, septembre 2006, page 4 : “Un des débats sur l’apprentissage de l’écriture à la maternelle porte sur la différenciation à opérer entre dessin, graphisme et écriture (voir texte de D. Dumont sur le site Bien(!)Lire)“.[/lbfenix] -soit il s’agit de proposer d’entrer de plain pied dans l’écriture.
Ni l’une ni l’autre de ces deux propositions ne saurait pourtant se concevoir pour une pédagogie adaptée : l’écriture se prépare. La préparation à l’écriture est le lieu privilégié où , bien avant l’utilisation d’un outil scripteur et d’un support pour recevoir la trace écrite, peuvent être mises en place des activités travaillées en transversalité, adaptées au niveau de chaque enfant, lui permettant une analyse de son action à postériori et, partant de là, une conscientisation de ses apprentissages étape après étape, à son propre rythme.
Préparer l’enfant à accéder à une écriture fluide et bien géré est tout autre chose que de lui faire faire des lignes de … lettres/graphisme/signes… ou de lui apprendre à reconnaître et dessiner les lettres de l’alphabet. Cela se met en place progressivement, au rythme des activités qui correspondent réellement à son niveau, donc à ses possibilités, en prenant en compte les différences dans l’organisation de l’activité du groupe sur un même projet.
Ce que j’appelle le geste d’écriture inclut tous les préalables. Le geste d’écriture est un ensemble de processus qui vont de la prise du crayon à la production d’un texte sur un support. Il comprend donc :
Il y a donc beaucoup à apprendre avant d’arriver à la trace écrite. Tout cela se fait en transversalité à partir des jeux, des activités de découverte, des ateliers musicaux… Tout cela a pleinement sa place dès le début de l’école maternelle.
“L’Ecole a besoin de réformes. Elle attend aussi de la considération de la Nation et du soutien de l’Etat. Mais elle doit aussi être assurée de ses ressources. On ne peut enseigner correctement sans un encadrement suffisant de nos enfants. C’est la raison de mon engagement à recruter 60 000 personnels sur la durée de mon mandat.
Le 1er août 1879, comme ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, Jules FERRY soulignait la nécessité d’une bonne formation de ceux qui sont appelés à dispenser l’enseignement : « Car savoir est une chose, enseigner ce qu’on sait est une chose bien plus difficile. On peut être un bachelier très éminent et cependant être un très mauvais maître d’école. Cette nécessité d’une préparation toute professionnelle est manifeste pour ces délicates fonctions ».
Comment a-t-on pu renier cette déclaration de bon sens ?
Voilà pourquoi je rétablirai la formation professionnelle des enseignants.
Pour honorer ses missions, je sais pouvoir compter sur le dévouement, le courage, des personnels de l’Éducation nationale. C’est vers eux que je me tourne, c’est à eux que j’adresse mes premiers mots en tant que président de la République.”
François Hollande, extrait du discours du 15 mai 2012 en hommage à Jules Ferry, fondateur de l’école laïque et gratuite.
“Nous voulons réaffirmer ce qui est notre grande priorité, c’est-à-dire l’école maternelle et élémentaire”
“Les difficultés se forgent dès les premières années et il faut que l’on fasse un effort tout particulier sur les premiers niveaux, comme l’a demandé le président de la République”
Vincent Peillon en visite dans une école maternelle et élémentaire, à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) le 21 mai 2012.
«La mission que m’a confiée le président de la République, c’est de faire que le niveau de nos élèves s’améliore, que notre jeunesse ait une chance.»
Vincent Peillon interrogé sur RTL le mardi 22 mai.
Le ministre de l’éducation nationale a présenté, avec la ministre des affaires sociales et de la santé, une communication relative aux mesures du changement pour la rentrée scolaire 2012 et à la revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire.
Quelques questions récurrentes au sujet des gauchers.
Mes jumeaux sont gauchers, l’un d’eux écrit bien, pas l’autre.
– Il est fort possible que celui qui écrit mal ne soit pas gaucher, même si ce sont de vrais jumeaux. Il utiliserait sa main gauche pour faire comme son jumeau.
Utiliser sa main gauche pour écrire ne signifie pas que l’on soit gaucher. On peut utiliser sa main gauche par mimétisme ou identification.
Pour écrire, mon enfant hésite entre la main gauche et la main droite. Il tape dans un ballon du pied gauche. Dois-je l’inciter à écrire de la main gauche ?
– Non. Il faut vérifier sa latéralité de la main. La latéralité ppeut être croisée : on peut être gaucher du pied et droitier de la main ou inversement. Même chose pour l’œil. Même chose pour l’oreille.
Mon enfant est gaucher, il tourne son poignet en crochet pour écrire et se plaint d’avoir mal ? On dit pourtant que c’est une position normale pour les gauchers.
– C’est une position fréquente, mais pas « normale ». La position de la main en crosse crée des tensions inutiles. S’il incline sa feuille vers la droite, s’il l’avance sur la table et s’il tient son crayon correctement, le gaucher voit ce qu’il écrit. Il n’a pas alors à fatiguer inutilement ses muscles en les tendant pour placer sa main au-dessus de sa ligne d’écriture.
Mon enfant a été testé pour sa latéralité : il est droitier mais il écrit de la main gauche. Il a 10 ans. N’est-il pas trop tard pour qu’il apprenne à écrire de la main droite ?
– L’écriture est commandée par le cerveau. Il ne s’agira donc pas d’un
réapprentissage total de l’écriture. Il s’agira juste de lui apprendre à faire bouger ses doigts et à déplacer son bras pour écrire avec souplesse.
C’est l’affaire de 5 à 6 séances de rééducation maximum