Bonjour à tous.

Des obligations m’ayant retenu ailleurs, je vous ai abandonnés quelque temps. Me revoilà.

Pendant ces quelques jours votre enfant a poursuivi sans le savoir sa préparation à l’apprentissage de l’écriture. Entre autres il a participé à l’entretien de la maison en fignolant le balayage le long des murs en allant toujours dans le sens que je vous ai dit. Il est temps maintenant que je vous montre à quoi cela va lui servir.

Je vous ai dit qu’il y avait une autre façon de “classer les lettres” que l’ordre alphabétique.

Ce nouveau classement que j’ai commencé il y a plus de vingt ans est bien abouti depuis déjà un certain temps. Il prouve son efficacité à tous les enseignants qui l’utilisent.

Vous me direz, pourquoi suivre un autre ordre que l’ordre alphabétique ?
C’est que les lettres se suivent mais ne se ressemblent pas et il est bien difficile a priori de trouver un point commun aux lettres qui se succèdent.

Sauf si je sais comment sont formées/ sont composées les lettres, je ne vois pas le rapport entre la forme de la lettre a et celle de la lettre b.  Si j’apprends à écrire en suivant l’ordre alphabétique il me faut donc me souvenir de la forme de chaque lettre a b c d e f g etc. et la relation entre ces formes n’est pas évidente. Même si j’y perçois des formes communes, je ne vois pas comment savoir écrire a m’aiderait à écrire b ou c.

En revanche, si l’ordre des lettres est fonction des formes qui les composent l’apprentissage en est facilité : dans ce cas, si j’apprends à écrire une lettre, cela m’apprend à écrire la suivante. Pour autant, il ne s’agit pas de voir dans cet ordre des “familles de lettres”. Certes voir une relation entre l, b, h k peut aider mais c’est tout de même insuffisant pour passer aisément d’une forme à l’autre.

Passons bien vite à la pratique.

Si nous observons toutes les lettres minuscules cursives de notre alphabet,  nous voyons qu’elles vont toutes de la gauche vers la droite. Certaines y vont en passant par en bas comme ça (c’est le cas entre autres du e et du i  d’autres y vont en passant surtout par en haut comme ça (c’est le cas entre autres du n et du m).

En fait si je veux faire un tracé qui aille vers la droite de la feuille sans tracer un trait tout droit mais en faisant toujours le même mouvement, je fais une série de boucles.  Comme ça

Vous aurez remarqué, en les traçant vous-même sur une feuille et en le refaisant en grand, que le début de ce tracé fait faire le même mouvement que le balayage que vous avez demandé à votre enfant sauf qu’au lieu de le faire avec le bras entier, on le fait avec les doigts. Votre enfant est donc prêt à faire des boucles qui iront dans le bon sens. Si vous voyez qu’il démarre dans l’autre sens rappelez-lui le balayage. Ce sera une complicité de plus entre vous : “Tu ne savais pas qu’en te demandant d’aider à balayer la maison, en réalité je  t’apprenais à écrire“. Et du coup vous pouvez enchaîner en lui rappelant tout ce que je vous ai montré jusqu’à présent et en lui faisant découvrir peu à peu que tout cela lui servira pour bien écrire. En réalité nous n’avons pas encore tout fait. Vous vous souvenez qu’il reste à garnir la tarte ! et bien d’autre chose encore. Je présume tout de même que la tarte n’a pas attendu jusqu’à ce jour, que vous avez fini de la faire et que vous l’avez mangée.

Revenons à la forme des lettres. La première, vous l’aurez compris quand je vous ai montré la formation de la boucle, sera la lettre e, puis viendra la lettre l. Comme ceci  (pour mieux voir pensez à cliquer sur l’icone “plein écran”, en bas à droite sous l’écran) :

Avec ces deux lettres on ne peut écrire que deux mots le  et elle. Si vous n’avez pas les cahiers 2 ou 3 de maternelle que j’ai fait chez Hatier, ou les cahiers Le loup ou Le Cirque, ou  encore le 1er cahier de CP ou encore l’un des deux que chez faits aux éditions Larousse, vous pouvez utiliser un catalogue ou certaines publicités  qui inondent nos boites aux lettres (enfin… qui inondaient) ; demandez à votre enfant de désigner des objets qui y sont en photo, écrivez le nom de l’objet puis demandez à votre enfant d’écrire “le” devant les mots qui s’y prêtent c’est à dire qui sont au masculin.

Au lieu de faire des lignes de lettres pour s’entraîner votre enfant peut faire ceci bien vite, ensuite il écrira les mots le et elle et après, mais après seulement, les lettres e et l et ce sera plus facile.

Ensuite, c’est magique. Regardez : si je fais un rectangle (rectangle rouge ci-dessous) que j’appelle “la machine à étrécir” c’est à dire à rendre étroit et que j’y fasse entrer une ligne de boucles, elles en ressortent toute étroites, c’est à dire étrécies (elles ne sont pas trécies – comme dans une machine à laver réglée trop chaude – elles sont étrécies)..   Donc en passant les boucles dans la machine à étrécir on obtient des étrécies. Vous aurez tous compris que les étrécies servent à écrire les lettres i et u puis aussi si on les prolonge et qu’on ajoute une barre, la lettre t.

Avec ces cinq lettres, on peut déjà faire des phrases. Une phrase dit quelque chose, elle a du sens. Par exemple, pour ce soir Tom a choisi un livre. Sa maman vient lui faire une bise dans son lit. Tom lui tend le livre et elle le lui lit. Voila donc une phrase (vidéo ci-dessous) qui peut être écrite, et bien écrite, dès que l’enfant sait s’installer correctement à sa table, tenir son crayon, faire tourner ses doigts, reconnaître les lettres que nous venons de voir (e, l, i, u, t), les reconnaître dans la phrase écrite comme modèle. Il peut alors redire/relire au fur et à mesure ce qu’il écrit.

Il nous manque l’entraînement à bien placer l’écrit, c’est ce que nous verrons au prochain billet avant de continuer avec la formation des lettres  (ce sera l’occasion de retourner à notre tarte aux pommes).

A très vite.